Victor Girard (1917 – 2012)
Victor Girard est né le 28 novembre 1917, à Chalon-sur-Saône, dans une famille d’employés. Parallèlement à une scolarité à l’école puis au collège laïque, il entre en 1927 aux Scouts de France. Il devient chef de troupe, ce qui l’amène à fréquenter des scouts d’autres fédérations, en particulier des Éclaireurs. Ses études universitaires le conduisent à Lyon, où il intègre la Maison des Étudiants Catholiques. Il s’occupe alors de la section universitaire d’un clan « populaire » (Albert de Mun), tout en participant aux travaux des Équipes sociales.
Il est admis en août 1939 au concours de l’École de Santé des Armées de Lyon, avant d’être mobilisé en septembre de la même année comme infirmier. Après un passage à l’École de Santé, qu’il intègre en octobre 1939, il prépare la seconde année de médecine et participe aux activités d’un clan Arc en Ciel. Il est affecté à une unité du Pas de Calais au moment de la campagne de France. Après l’évacuation de Dunkerque vers la Grande Bretagne, il reprend part aux combats, avant d’être fait prisonnier dans la Sarthe le 29 juin 1940. Il est conduit en captivité en Prusse Orientale, d’où il ne reviendra comme rapatrié sanitaire qu’en février 1944. Il prépare la 3ème année de Médecine pendant sa convalescence, et intègre en juillet 1944 un maquis FTPF de l’Ardèche.
Il combat avec cette formation intégrée dans l’armée des Alpes, jusqu’en mai 1945, moment où il réintègre l’École de Santé, Il forme dans cette école un Clan Arc en Ciel.
Il soutient sa thèse de médecin, consacrée à une étude comparative de tests de niveau mental auprès de jeunes dits irréguliers. Il est ensuite, en décembre 1946, affecté à l’École d’Application du Val de Grâce à Paris, et le 1er janvier 1947, il reçoit sa première affectation comme médecin-lieutenant à l’École de l’Arme Blindée et Cavalerie à Saumur. Il y forme un nouveau Clan Routier Scout de France, appelé « Arc en Ciel », avec certains officiers élèves de l’École de l’Arme blindée et de la cavalerie.
Avec eux, il prolonge une animation déjà entreprise auparavant auprès des jeunes « colons » de l’IPES de Saint Hilaire (Vienne), et de l’internat approprié de Chanteloup (Fontevrault), et crée des journées d’accueil dans les familles saumuroises, pour les jeunes pensionnaires de ces deux établissements.
Il participe à l’animation de stages de formation d’éducateurs à Marly-le-Roi, puis à Jambville en compagnie de Jacques Astruc, où ces stages prennent le nom de « stages Arc en Ciel ».
En juillet 1950, il est affecté en Indochine auprès d’une unité de Légion Étrangère, où il est, entre autres, chargé de mettre en œuvre des tests pour le recrutement d’indigènes dans le cadre du « jaunissement » des unités.
Après un court passage en France, le médecin Girard est affecté au Maroc de mars 1953 à octobre 1954. Il prépare le concours d’assistant des Hôpitaux, et intègre l’Hôpital du Val de Grâce, où il passe le concours de spécialité en Neurologie et Psychiatrie en 1957, avant de réussir l’Agrégation en 1960.
À partir de 1958, il commence un travail de consultant à temps partiel à l’Institut d’Education Motrice (IEM) de Berck (Pas de Calais). Il continue à s’occuper de l’Arc en Ciel, jusqu’en 1965.
En 1962, il est appelé, à la demande du docteur Marty qui l’a remarqué au cours des stages Arc en Ciel, à siéger au sein du Comité Pichat ou CNALCEP, qui s’efforce de coordonner les actions de prévention spécialisée.
Il met un terme à sa carrière militaire en décembre 1966, et entame une carrière de médecin psychiatre libéral et de psychanalyste dans le Vème arrondissement de Paris, tout en effectuant des vacations, notamment à l’IEM, à la Sauvegarde des Yvelines et au sein de la Consultation d’Hygiène mentale du XVIIIème arrondissement (secteur 32). Il mène parallèlement une activité de recherche consacrée au handicap, en particulier dans le cadre du CTNEAI (Centre Technique National de l’Enfance et de l’Adolescence Inadaptée), qui devient le CTNERHI (Centre Technique National d’Etude et de Recherche sur le Handicap et l’Inadaptation) en 1975. Il participe, en signe de solidarité avec les éducateurs qu’il fréquente dans le cadre de la Sauvegarde des Yvelines, à l’occupation des locaux du CTNEAI en mai 1968. Ce souci de garder un contact avec les éducateurs l’amène à entretenir des relations suivies avec le CNL, Comité National de Liaison des Clubs et Équipes de Prévention Spécialisée, dit Comité national de liaison, formé après le Congrès AFSEA (Association Française pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence) de Bordeaux en 1971, par des éducateurs qui estimaient que les différentes instances de Prévention spécialisée ne prenaient pas suffisamment en compte la vie de la base.
En 1982, le médecin-capitaine Girard cesse son activité de médecin et se consacre alors à différentes associations d’assistant des Hôpitaux militaires, en particulier à la Sauvegarde des Yvelines. Il continue à siéger au sein du CTNERHI et du CTPS (Comité Technique de la Prévention Spécialisée). Il publie en collaboration avec J.M. Peticlerc et J. Royer aux éditions Fleurus Cette prévention dite spécialisée et coordonne La Prévention spécialisée en France, ouvrage qui fait le bilan de l’action menée dans le secteur. En 1997, V. Girard continue à œuvrer dans le secteur de la Prévention Spécialisée.
Il est en outre Président d’une association gérant un Club de Prévention dans le XVIIIème arrondissement de Paris (TVAS 18ème – 17ème nord), mais aussi engagé dans l’action contre diverse formes d’inadaptation sociale (président-fondateur en 1984 de l’Association ALTAIR, président du CIDE qui comprend un CMPP, un hôpital de jour pour adolescents en difficulté, et un centre d’accueil et de traitement pour toxicomanes, administrateur de la Sauvegarde des Yvelines).
Il est décédé le 4 février 2012.
Texte : Véronique Séchet
Ressource : Entretien avec Victor Girard (2003)