conservatoire national des archives et de l'histoire de l'éducation spécialisée et de l'action sociale

Marie-Thérèse Vieillot (1888 – 1985)

Née de parents français à Salonique dans l’Empire ottoman, Marie-Thérèse Vieillot commence à Istanbul des études d’infirmière qu’elle termine à Paris en venant s’y installer seule en 1912. Elle fréquente dès cette époque l’École pratique de service social dirigée par le pasteur Paul Doumergue, qui propose alors des visites expliquées et des conférences sur le service social. Elle sert comme infirmière de la Croix-Rouge durant la première guerre mondiale. Mais à partir de 1917, son rôle d’interprète auprès des missions américaines (Croix-Rouge américaine et Fondation Rockefeller), puis son activité d’organisation des premiers services d’entraide aux régions libérées dans l’Aisne lui permettent de nouer de solides relations outre Atlantique. Celles-ci lui valent pour l’année 1920-1921 une bourse d’étude, la première accordée à une Française, pour fréquenter les cours de travail social d’une université américaine : le Simmons College of Social Work de Boston.

À son retour, Marie-Thérèse Vieillot collabore en bonne place aux activités de l’École pratique de service social. Mais elle s’investit aussi parallèlement dans la création du premier service social de la clinique Baudelocque auprès de Mme Getting, puis surtout en 1923 du premier service social de l’enfance auprès du tribunal pour enfants de la Seine, aux côtés de Chloé Owings. Elle y apporte tout le professionnalisme acquis aux Etats-Unis et notamment la méthode du case work mise au point par Mary Richmond. Dans le cadre du service social de l’enfance en danger moral, le « Pot de Fer » comme on l’appellera après son déménagement dans la rue du même nom, qu’elle dirige jusque vers 1929, elle prend aussi pendant un an en 1931 la direction de la première expérience française de centre d’observation, au Foyer de Soulins installé à Brunoy. Dans cette maison, qui reçoit une trentaine de filles et garçons de 8 à 16 ans envoyés par le tribunal pour y étudier leur caractère et leurs aptitudes, elle se livre à l’« observation psycho-pédagogique » de ces « enfants instables », « blessés précoces de l’affectivité » que l’on appellera plus tard « caractériels ».

Après un nouveau voyage aux États-Unis en 1934 et 1935, Marie-Thérèse Vieillot prend encore les rênes de deux écoles de service social à Strasbourg puis à Rouen jusqu’à sa retraite en 1951. La redécouverte du case work en France au cours des années 1950 la laissera quelque peu critique quant à sa forme moins directive adoptée par les nouvelles générations d’assistantes sociales.

Texte : Sylvain Cid

 

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