Marie-Thérèse Perrin (1908 – 1989)
Marie-Thérèse Perrin naît en 1908 à Mamers (Sarthe). Fille unique, elle passe son enfance à Bellême (Sarthe) où son père est pharmacien. Celui-ci meurt en 1918 de la grippe espagnole. Marie-Thérèse a 10 ans.
Elle poursuit ses études secondaires au Mans et ses études supérieures de philosophie à Angers puis à Paris. En 1934, elle commence une thèse de philosophie sur « La crise du modernisme dans l’Église ». Elle a le soutien des jésuites de la revue Études. Elle enseigne de 1936 à 1939 comme professeur de philosophie au lycée de La Baule. En 1940, elle fonde à Sceaux (92) le cours Blaise Pascal qui reçoit de la 6ème à la Terminale des jeunes filles en difficulté scolaire. Elle participe aux réunions de recherche de Gabriel Marcel, philosophe existentialiste chrétien, dont elle a été un temps secrétaire. Chez Marcel Légaut, mathématicien et philosophe, elle participe aux discussions sur Claudel, Bernanos, Teilhard de Chardin.
En 1947, elle est chargée par l’École de Formation Psycho-Pédagogique (EFPP- Université catholique de Paris) de la pédagogie des classes du Centre d’Observation de Chevilly-Larue où elle rencontre Monique Beauté-Néry, éducatrice.
Sensibilisée à la situation des mineures mères célibataires elle demande à Jean Chazal, juge des enfants à Paris, d’effectuer un stage dans son cabinet : elle prend alors conscience du manque d’équipement pour accueillir ces jeunes mères avec leur enfant en évitant la séparation. Avec l’appui de Jean Chazal et de Marie Mauroux-Fonlupt, inspectrice de l’Éducation Surveillée, elle crée en 1950 l’Association pour la Rééducation des Mineures Filles Mères. Grâce à des fonds familiaux une maison est acquise à Puiseux-en-Bray (Oise) où Marie-Thérèse Perrin recevra des jeunes mères mineures et leurs enfants.
Son projet est de faire vivre ces jeunes femmes et leurs enfants dans des petits groupes, de favoriser des contacts fraternels entre elles et les éducatrices, de les aider à créer des liens avec leurs familles, avec le milieu naturel, de développer la prise de conscience de leurs possibilités personnelles, de permettre l’accès à des loisirs afin de favoriser une intégration sociale. Au début le personnel formé est peu nombreux et l’encadrement est constitué de personnes de bonne volonté.
En 1952, l’association change de raison sociale et devient Association pour l’Éducation des Jeunes Mères (AEJM). Un nouveau foyer est ouvert à La Queue-les-Yvelines (78). En 1954, le Foyer des Iris est transféré à Nonancourt (Eure). Les foyers « Les Quatre Vents » de Montreuil-sous-Bois (93) et Clairefontaine de Fontenay-aux-Roses (92) sont créés en 1955 et 1958. Enfin celui des « Longues Haies » à La Queue-les-Yvelines (78) voit le jour en 1964.
Marie-Thérèse Perrin perçoit la nécessité du suivi indispensable pour ces jeunes mères avant ou après un séjour en foyer et met en place le service d’AEMO de Montrouge (92) en 1962.
Soucieuse de la qualité de la prise en charge, elle favorise la création de groupes de travail et de recherche. Elle introduit dans les différentes structures une possibilité de soutien psychologique ou psychothérapique. Elle s’implique dans d’autres associations comme l’Association Nationale d’Entraide Féminine où elle retrouve Monique Beauté-Néry et Françoise Astruc, ou encore l’Association Nationale de Réadaptation Sociale qui vient en aide à des jeunes femmes prostituées. Elle s’intéresse à la formation des professionnels et intervient à l’école de formation d’éducateurs de Buc.
En 1972, Marie-Thérèse Perrin fait valoir ses droits à la retraite et quitte l’AEJM dont elle a été la fondatrice et la directrice générale. C’est Jean Bégué, Président de l’association, qui assurera en 1978 la fusion de l’AEJM avec l’Association Vers la Vie donnant ainsi naissance à l’Association Vers la Vie pour l’Education des Jeunes (AVVEJ).
Marie-Thérèse Perrin permettra à cette nouvelle association de se rendre propriétaire des locaux de Montrouge qui lui appartenaient. Elle se retire à Mamers pour poursuivre ses travaux philosophiques et meurt le 12 mai 1989.
Texte : Roger Bello