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Jean Sutter (1911 – 1998)

Né à Alger en 1911, Jean Sutter est le petit-fils de Maurice Varnier, secrétaire général du Gouvernement général de l’Algérie, et le fils d’un receveur de l’Enregistrement et des Domaines. En 1933, il obtient la quatrième place à l’internat avec son ami Maurice Porot et André Bourgeon. Il effectue son premier stage auprès du Pr Antoine Porot, le père de Maurice, qui vient de créer le Service universitaire de psychiatrie de l’hôpital de Mustapha. En 1938, il est reçu au concours du médicat des hôpitaux psychiatriques et est nommé chef de Service du nouvel hôpital psychiatrique de Blida-Joinville construit par Antoine Porot, accompagné de Suzette, son épouse depuis 1934.

En 1943, il participe à la libération de la France en s’engageant comme chef du Centre de neuropsychiatrie de la Première Armée française en Corse, puis en Provence. Fauché par un obus à Strasbourg en 1945 puis ramassé pour mort, il ne se rétablit qu’après une dizaine d’interventions, sept mois d’hôpital suivis d’une longue convalescence. Il rédige en 1947 son expérience des troubles mentaux de guerre et acquiert dans le même temps une licence de philosophie.

En 1949, il est reçu à l’agrégation de neuropsychiatrie. Encouragé à se tourner vers la neuropsychiatrie infantile, il part se former à Paris et à Montpellier. Revenu à Alger, il y organise l’assistance à l’enfance inadaptée en créant des dispensaires et des structures d’accueil appropriées. En 1958, Jean Sutter succède au Pr Manceaux, décédé brutalement, à la Chaire de Clinique de neuropsychiatrie de la Faculté d’Alger. Son ami Maurice Porot, reçu à son tour à l’agrégation, le relaie dans son activité pédopsychiatrique. Pendant quatre ans, Jean Sutter s’emploie à remplacer les modestes locaux dont il dispose par un grand centre hospitalier et universitaire. La construction se fera sans lui, puisque en 1962, l’indépendance de l’Algérie le contraint à l’exode.

Arrivé à Marseille où il est médiocrement accueilli, il n’obtient que la direction d’un service hospitalier dans un pavillon vétuste et voué à la démolition dont il relance l’activité. Il devra attendre 11 ans avant de pouvoir installer sa clinique universitaire de psychiatrie dans des locaux décents. En 1964, la chaire de neuropsychiatrie infantile lui est proposée : il demande que celle-ci soit scindée en deux et obtient un enseignement autonome de la psychiatrie. Il s’emploie activement à la promotion de la psychiatrie dans l’enseignement et au renforcement des institutions psychiatriques locales et régionales. En 1967, il lance les Journées d’information psychiatrique.

Retraité en 1980, il continue de participer aux séances de l’Académie de médecine dont il est membre depuis 1975, tout en fréquentant de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères. Il préside la Société d’hygiène mentale du sud-est et l’Institut méditerranéen d’études et de recherches médico-psychologiques de l’Université d’Aix-Marseille 2. Il a écrit plusieurs ouvrages et plus de cinq cents articles sur la psychiatrie de l’adulte et de l’enfant, dans lesquels apparaissent ses concepts de prédilection de « résonance pathogène », de « carence d’autorité éducative » ainsi que d’« anticipation ». Jean Sutter est mort d’un accident vasculaire en 1998.

Texte : Sylvain Cid, d’après les notices du Pr Jean-Claude Scotto et du Dr G. Pelissier.

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