Jean Blocquaux (1939 – 2016)
Jean Blocquaux est né le 16 décembre 1939 à Novion-Porcien (Ardennes) dans une famille nombreuse (six enfants). Il fait ses études d’éducateur spécialisé à l’Ecole de Formation Psycho Pédagogique (EFPP) à Paris au début des années 1960. Intéressé par les adolescents il travaille dans un centre d’observation au Perray-en-Yvelines puis rejoint en 1967 le Père Michel Jaouen qui a ouvert à Paris le foyer des Epinettes afin d’accueillir des jeunes sortant de prison. Il occupe ensuite un poste d’éducateur dans un foyer d’adolescents à Saint Germain en Laye puis au Home de Fontenay-sous-Bois.
C’est en 1975 qu’il prend contact avec l’association « Vers la Vie » dirigée par Jean-Claude Ferrand. Il devient alors le promoteur, avec son épouse Monique, du concept de service d’accueil d’urgence afin d’éviter à de nombreux jeunes en détresse le passage par la case prison : accueillir le jeune dans le bureau du juge, rétablir des liens avec la famille si possible et l’orienter. Il est soutenu par l’association et par les magistrats de la jeunesse alors en poste à Versailles (Jean-Pierre Rosenczveig, Alain Bruel, Martine Sem). Ce service ouvrira d’abord à son domicile, dans sa propre famille, puis dans les locaux de l’Oustal (ex Refuge) à Versailles et finalement à Bois-d’Arcy dans une structure enfin adaptée.
Lors d’une visite de ce service d’accueil d’urgence en 1983, Madame Georgina Dufoix, Secrétaire d’Etat à la Famille, découvrant le rôle essentiel joué par un tel service, demande à Jean Blocquaux de rejoindre son cabinet comme conseiller technique à temps partiel puis à plein temps en 1984 lorsqu’elle sera ministre des Affaires Sociales.
Les compétences éducatives de Jean Blocquaux s’avèrent particulièrement utiles lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme (Marche des Beurs, de Marseille à Paris du 15 octobre au 3 décembre 1983) : sa présence discrète permet d’éviter les dérives, une délégation de jeunes sera reçue à l’Elysée et la carte de séjour de 10 ans sera créée.
Ces mêmes compétences permettront de faire évoluer le dispositif « Plan anti été chaud » de 1982 en un dispositif beaucoup plus efficace en demandant à l’Association Vers la Vie pour l’Education des Jeunes (AVVEJ) d’en assurer la gestion afin d’accélérer le financement des projets concernant les jeunes.
Jean Blocquaux sera un acteur important pour la création du Revenu Minimum d’Insertion en 1988. En contact avec l’Abbé Pierre et avec Coluche il les appuiera dans leurs actions en faveur des plus pauvres.
De 1988 à 1990 il est le Directeur de Cabinet de Madame Hélène Dorlhac, secrétaire d’Etat à la Famille, et contribue à la première loi sur la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs (119 Allo Enfance Maltraitée) et à la rédaction de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE).
Un décret du 7 novembre 1990 le nomme Inspecteur Général des Affaires Sociales (IGAS). Il sera alors chargé des rapports et inspections sur la protection de l’enfance. Dans ce cadre il effectuera des missions en Roumanie et au Vietnam où, à la demande du gouvernement, il mettra en place une formation d’intervenants sociaux.
Jean Blocquaux nous a quittés le 25 août 2016. Homme généreux, chaleureux, inventif, il a su contourner des règles rigides au bénéfice des plus faibles et des plus défavorisés : un éducateur dans les sphères gouvernementales ça bouscule !
Roger Bello