Isabelle Bogelot (1838 – 1923)
Née à Paris en 1838 de parents originaires du Pas-de-Calais et orpheline dès l’âge de 4 ans, Isabelle Cottiaux est élevée dans la famille de la féministe et femme de lettres Maria Deraismes (1828-1894). Elle épouse en 1864 l’avocat parisien Gustave Bogelot (1837-1902), avec lequel elle partagera étroitement un fort engagement philanthropique. Dès après la guerre de 1870, elle s’intéresse aux sociétés de secours aux blessés militaires et obtient, avec le diplôme d’ambulancière, un second prix décerné à la suite de son service à l’hôpital Beaujon. En 1872, elle devient la collaboratrice de la fondatrice-directrice de l’Œuvre des libérées de Saint-Lazare, Pauline de Grandpré, à la tête de cette association créée deux ans plus tôt pour venir en aide aux femmes libérées de prison et qui reçoit également des condamnées à de petites peines confiées par les juges d’instruction. En 1883, elle accède au poste de directrice-adjointe auprès de Caroline de Barrau, avant de devenir la directrice générale de l’œuvre en 1887 jusqu’en 1905. L’Asile temporaire de Billancourt de cette société, destiné à recevoir des femmes libérées ou condamnées à des peines sans gravité ainsi que les enfants des prévenues, est créé sur son initiative en 1883. Dans le même temps militante féministe, Isabelle Bogelot se rend à de nombreux congrès internationaux, « pénitentiaires » ou « féminins », notamment à deux reprises aux Etats-Unis pour assister aux Congrès internationaux féminins de Washington et de Chicago.
En 1889, elle organise avec Emilie de Morsier et dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris le premier congrès des oeuvres et institutions féminines. Cette manifestation donne lieu à la mise en place de conférences internationales et annuelles à Versailles, dont le compte rendu est publié dans la revue La Femme. Elle est l’une des principales artisanes de la création en 1901 du Conseil national des femmes françaises (CNFF) dont elle devient la présidente d’honneur, au côté de la présidente Sarah Monod.
Elle cumule les distinctions de présidente d’honneur de l’Union des femmes de France (UFF, une des sociétés du mouvement « Croix-Rouge ») à Boulogne-sur-Seine, de présidente d’honneur de l’Adelphie (société féminine d’entraide créée en 1893). En 1906, elle est la première femme nommée au Conseil Supérieur de l’Assistance et de l’Hygiène Publique. Elle décède à Boulogne-Billancourt en 1923.
Texte : Sylvain Cid
Illustration : Angelo Mariani dans Figures contemporaines, tirées de l’album Mariani, 1894-1925.