Henri Kegler (1922 – 2012)
Né le 25 mai 1922 à Gundolsheim (Haut-Rhin), Henri Kegler n’a que 17 ans lorsqu’en septembre 1939, le brevet élémentaire en poche et parvenu en première année d’École normale, il est sollicité pour un remplacement impromptu d’éducateur dans une maison privée d’éducation surveillée qui se trouve à Zelsheim. Celui qui le fait venir est le Frère Bernard Arnold, ancien professeur puis directeur du collège d’Henri Kegler à Matzenheim, devenu le directeur de cette maison créée en 1892 qui est également tenue par la Congrégation des Frères de Matzenheim.
À l’automne 1940, il est arrêté par la Gestapo et interné en même temps que les Frères de la congrégation au KZ de Schirmeck, camp de redressement, d’extermination et de déportation destiné aux Alsaciens et Lorrains refusant les « bienfaits de la germanisation ». Le centre est fermé, il rouvrira à la Libération sous le nom de Centre Mertian à Andlau. Henri Kegler rejoint en 1940 l’École normale d’Obernai réfugiée au monastère de Solignac en Haute-Vienne en tant qu’élève, puis enseignant. En 1946, il reprend ses études à l’Institut Pédotechnique de Toulouse et devient éducateur de groupe pendant deux ans et instituteur dans une classe d’adolescents à Montesson.
En 1949, Henri Kegler arrive à Caen, date de l’ouverture du centre d’observation de Champ-Goubert à Évrecy dont il assure la responsabilité. Il y rencontre sa future épouse, s’installe en Normandie, et fonde une famille de quatre enfants. En 1954, il est appelé par le Directeur de l’École Départementale de Rééducation de la Seine pour prendre le poste de Directeur Adjoint de l’École d’Éducateurs Spécialisés de Paris à Épinay-sur-Seine. Il y restera jusqu’en 1955. Il œuvre entre temps à l’ouverture en 1956 du Foyer Henri Guibé, un foyer de semi-liberté, accueillant une trentaine de jeunes pré-délinquants ou délinquants.
C’est en 1959, qu’il devient le fondateur de l’Association calvadosienne pour la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (ACSEA) qui vient en aide chaque année à plus de 10 000 usagers et développe son action au travers d’une vingtaine d’établissements. Jusqu’à son départ en retraite à la 1983, il ouvre dans le Calvados pas moins d’une quinzaine d’établissements et de services au bénéfice des enfants, adolescents, adultes, familles, en grande difficulté, handicapés, inadaptés isolés ou en difficulté d’insertion. En 1964, il devient également le directeur fondateur du CREAI de Basse-Normandie, tout en continuant à assurer la direction de l’ACSEA.
Pionnier et fondateur de nombreux groupements, il assume de nombreuses responsabilités sur le plan national : notamment au sein du GNDA (Groupement National des Directeurs d’Association du secteur social et médico-social), de l’AFSEA (Association Française pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence), de l’ANEJI, (Association Nationale des Éducateurs de Jeunes Inadaptés) , du SNASEA (Syndicat Employeur) et dans les instances de l’Économie Sociale.
En 1985, deux ans après sa retraite, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur.
Texte augmenté à partir d’une notice d’Annick Bayeux, assistante de direction ACSEA, 2012.
Illustration : archives CNAHES, Henri Kegler aux journées de Bordeaux (mai 1993).