Hélène Campinchi (1898 – 1962)
Hélène Campinchi, née Landry, est la fille d’Adolphe Landry, démographe et économiste qui mène une longue carrière politique à la fois en Corse, au Conseil régional, et à l’échelon national comme député, sénateur et aussi ministre en plusieurs courtes occasions. Avocate au barreau de Paris, elle fait un peu de journalisme et participe à plusieurs cabinets ministériels auprès de son père puis de son époux, César Campinchi, brillant avocat parisien, député radical et ministre de la Justice puis de la Marine. En 1937, ce dernier dépose à l’Assemblée nationale une proposition de résolution qui préfigure l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. En 1940, le couple embarque sur le Massilia pour l’Algérie, d’où ils seront reconduits vers Marseille. Après la mort de César Campinchi en 1941 dans cette ville des suites d’une opération du foie, Hélène Campinchi s’engage dans une activité de résistance qui lui vaudra par la suite la médaille de la Résistance et la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance. La Libération la voit accéder à un poste de chargée de mission auprès de François de Menthon, devenu garde des Sceaux depuis septembre 1944. À ce titre, elle préside la commission qui aboutit à la rédaction du projet de l’ordonnance du 2 février 1945, s’appuyant sur la proposition de résolution déposée par son mari en 1937 sur le droit et la protection des mineurs. L’exposé des motifs rédigé huit ans plus tôt y est repris mot pour mot. Parallèlement, Hélène Campinchi entame une carrière politique comme conseillère générale de Sari d’Orcinu et vice-présidente du Conseil général de la Corse (1945-1955), membre du comité directeur du Rassemblement des femmes républicaines (composante du Rassemblement des gauches républicaines) et vice-présidente du Parti radical et radical-socialiste en 1948. Elle continue aussi d’exercer des fonctions d’administratrice initiées avant guerre dans plusieurs associations de protection de l’enfance : Service social de l’enfance, La Tutélaire, Union des sociétés de patronage. Nommée experte auprès des Nations unies, elle recevra également les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.
Source illustration : collection du Centre d’expositions Enfants en justice, Savigny-sur-Orge.
Texte : Sylvain Cid