Nouvelle-Aquitaine : situation à la fin du 19e siècle
A la fin du 19e siècle, la Nouvelle-Aquitaine actuelle recouvre, comme toutes les autres, des circonscriptions administratives qui ne coïncident pas les unes avec les autres. S’y enchevêtrent par exemple les ressorts des archidiocèses de Bordeaux, Bourges et Auch, des académies de Bordeaux et Poitiers, des Cours d’appel d’Agen, Bordeaux, Limoges, Poitiers et Pau, des circonscriptions d’administration pénitentiaire de Bordeaux et Toulouse…
Comme partout ailleurs, les orphelinats dominent par leur nombre. La grande majorité sont tenus par des religieuses catholiques, même si on en trouve trois protestants en Dordogne et dans le Lot-et-Garonne, plus quelques-uns à « direction laïque ». 84 % d’entre eux reçoivent des filles qu’ils préparent généralement à devenir servantes. Les orphelinats pour garçons sont presque exclusivement agricoles : un seul semble proposer un placement en apprentissage à Limoges.
Les institutions pour aveugles ou sourds-muets sont une douzaine réparties entre sept des douze départements, souvent desservies par les frères de Saint-Gabriel ou les filles de la Sagesse. Cinq sont installées à Bordeaux, parmi lesquelles l’Institution nationale de filles sourdes-muettes créée en 1785 est la plus ancienne. L’école de jeunes aveugles de Limoges est par ailleurs le seul de ces établissements à être municipal. En Dordogne près de Bergerac, l’Asile de Laforce fondé en 1848 par le pasteur John Bost forme un cas à part d’obédience protestante. Reconnu d’utilité publique en 1877, il accueille « garçons et jeunes filles idiots, épileptiques, gâteux, incurables » jusqu’à 18 ans, ainsi que des hommes et femmes aveugles.
Le long de la côte atlantique, une dizaine de maisons spéciales pour enfants malades, en particulier des sanatoria, s’égrènent entre Saint-Trojan-les-Bains (Charente-Inférieure) et Capbreton (Landes).
Les « établissements de correction » se partagent entre trois colonies publiques (deux pour garçons à Saint-Hilaire et Eysses, une pour filles à Cadillac) et six institutions privées réparties entre les trois départements de la Gironde, de la Dordogne et de la Haute-Vienne. Les garçons peuvent y être dirigés vers trois colonies agricoles (dont celle, protestante, de Sainte-Foy-la-Grande en Dordogne) et une Ecole de réforme à Limoges. Les filles de justice sont reçues au Refuge de Nazareth à Bordeaux ou à la colonie du Bon Pasteur à Limoges. Celles des filles que l’on dit simplement « exposées » ou bien « repenties » forment la population des établissements de préservation et de réhabilitation qui existent à Angoulême (Bon Pasteur), La Rochelle (Refuge des Dames blanches), Limoges (Bon Pasteur et Œuvre des Servantes), Egletons (Maison de Miséricorde), Pau (Bon Pasteur) et Bayonne (Refuge d’Anglet).
Texte : Sylvain Cid