Joseph TANTER, 23 août 1930 – 23 novembre 2019
Joseph Tanter voit le jour le 23 août 1930 au Havre dans le quartier des marins bretons dont il descend. En 1936, alors qu’il démarre son cours préparatoire, il est atteint d’une d’une grave maladie et est envoyé dans sa famille en Bretagne pour se soigner. Il va alors apprendre à lire et à compter dans le sud Finistère avec ses deux tantes et son grand-père, ex second-maître de la marine de guerre. Revenu au Havre en 1938, il doit reprendre vite le chemin de la Bretagne comme « réfugié » pour fuir la guerre. Son père meurt d’un accident et c’est grâce à des bourses et à la solidarité familiale qu’il poursuit sa scolarité en internat, pour un long parcours jusqu’au bac. C’est à cette époque que son frère aîné, Pierre, plagiant Kipling, lui inspire la devise de sa vie: « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans dire un mot te mettre à rebâtir… alors tu seras un homme mon frère ».
En 1949, étudiant en maths, il découvre, comme « pion », la dimension éducative avec les jeunes. Son frère lui parle de centres qui accueillent des jeunes délinquants.
En 1951 il est recruté par l’Éducation Nationale dans un établissement privé de « l’Aide aux jeunes de France », à Chamigny en Seine et marne: il quitte la Bretagne pour poursuivre sa licence à La Sorbonne. Le premier jour à Chamigny il « botte les fesses » d’un jeune, Lionel, qui n’obtempérait pas. C’était le fils du directeur : un certain Robert JOSPIN, qui lui dira « « Ah c’est toi qui a botté les fesses de mon fils ! Bon départ ! Tu feras une belle carrière ».
Jo Tanter travaille 11 ans aux côtés de Robert Jospin, dans cet établissement devenu Ecole Nationale de Perfectionnement, intégrée à l’Education Nationale. « Je continue à voir Lionel grandir sans me douter du destin qui l’attend poussé par l’élan que je lui avais donné » dira t-il plus tard…
Les étapes s’y succèdent : il obtient son CAP d’instituteur, milite dans le syndicat des enseignants spécialisés pour développer les « écoles nationales de perfectionnement », milite à la SFIO auprès de Robert Jospin qui le nomme « adjoint » pour le préparer à sa succession. Il obtient la qualification de directeur à « Beaumont » en 1962.
En 1962, influencé par sa formation à Beaumont, et déçu par l’EN vis à vis des écoles de perfectionnement, il rejoint le secteur médico-social et devient directeur de l’IME public de Champhol en Eure et Loir, qu’il va développer.
En 1964, naissent les CREAI (Centres Régionaux pour l’Enfance et l’Adolescence Inadaptées). Paul Lebreton, autre « capitaine » du médico-social, directeur du Creai Centre, le recrute comme membre de l’équipe technique et formateur à l’école de travail social d’Olivet (45). Toujours directeur de Champhol, il cumule les responsabilités
Il participe, en Eure et Loir, à la création d’établissements et de services au sein des PEP (Pupilles de l’École Publiques) puis s’implique à la Sauvegarde de l’enfance. En 1970 il supplée l’absence d’un inspecteur de l’EN et obtient les palmes académiques. En 1975 la DDASS 28 le sollicite pour la direction d’un centre départemental de l’Aide Sociale à l’Enfance. Le voilà agent du département d’Eure et Loir, détaché de l’EN…Par ailleurs entre 1964 et 1976, il assume deux mandats de conseiller municipal dans sa commune.
De 1977 à 1990, il exerce des responsabilités régionales.
Paul Lebreton, toujours directeur du Creai, lui confie d’abord la direction du Centre médico-psycho-pédagogique d’Orléans, mis à disposition par l’EN. Puis en 1981 il est nommé directeur adjoint, chargé de la gestion des établissements et services (450 salariés et 13 établissements). En 1985, le Creai, devant l’obligation de se décharger de la gestion d’établissements lui demande de créer une association ad hoc. Ce sera l’AIDAPHI (Association Interdépartementale pour l’Action en faveur des Personnes handicapées et inadaptées). Il en devient directeur général jusqu’en 1990, année de sa retraite.
En 1993, il entre au Conseil Économique et Social Régional, représentant le Creai (personnes handicapées et inadaptées) . Il y siège 17 ans et y prend une place éminente au bureau comme président de la 1ère commission, « qualité de la vie », de 2001 à 2007. Très actif, il alerte sur le manque de professionnels de santé et présente trois rapports relatifs à la santé : vieillissement (2004), santé des actifs et santé des jeunes (2006).
Il reste administrateur de plusieurs associations du secteur médico-social :
⁃ de 1962 à 1976 puis de 1992 à 2007 aux PEP d’Eure et Loir.
Et président :
⁃ De 1991 à 2003, en Indre et Loire à l’ACGESSMS (devenue Enfance & Pluriel depuis), qu’il restructure, en raison de dysfonctionnements graves. Il y est décoré de la légion d’honneur par le sénateur Yves Dauges le 21 janvier 2007, pour sa carrière.
⁃ De juin 2000 à juin 2004 à La Sauvegarde de l’Enfance d’Eure et Loir
Un problème de santé en 2004 et une vision assez réservée des évolutions du secteur l’amènent à se retirer progressivement .
Jo Tanter a été, avec son ami Paul Lebreton, un grand capitaine pour la structuration du secteur médico-social de la région Centre depuis les années 50. Il a poursuivi une carrière exemplaire, occupant des postes clefs en toute modestie dans de nombreuses associations ou fédérations en région, il a su s’imposer par ses compétences techniques et relationnelles, grâce à une autorité naturelle imprégnée de bienveillance et d’empathie. Motivé par le bien public plutôt que par le pouvoir il a toujours entretenu des relations simples et chaleureuses avec ses collaborateurs, alliant efficacité et cordialité.