Claude Hornuss (1927 – 2013)
Dès la fin de sa formation à l’École d’éducateurs de Montesson avec Jean Bégué, Claude Hornuss participe à la création du premier foyer de « semi liberté » après la guerre 39-45, à Buc, peu après une première installation provisoire à Versailles. Ainsi la Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence de Seine et Oise, déjà à l’initiative d’un placement familial, ouvrait son premier établissement en internat afin d’accueillir des adolescents confiés par les juges des enfants. La magnifique propriété située dans un parc au pied des arcades de Buc, baptisée par les initiateurs « Foyer la Maison », pouvait accueillir des jeunes répartis en groupes à chaque étage. Ainsi Jean Bégué, Claude Hornuss, Pierre Lavy, Gaston Coeuignart lançaient cette « prise en charge » de jeunes en difficulté avec la justice en assurant un hébergement éducatif et en utilisant les moyens extérieurs d’apprentissage et d’enseignement : entreprises et écoles du village, de l’environnement.
Après la nomination de Jean Bégué au poste de conseiller technique de l’association le 1er janvier 1960, Claude Hornuss prit la direction de « la Maison » jusqu’en 1965. Pendant toute cette période, il témoignera d’une remarquable écoute, d’une disponibilité à toute épreuve auprès de l’équipe et des jeunes confiés. Ouvert à une prise en charge adaptée et en perpétuelle recherche, il prônait à la fois une formation de qualité des éducateurs et un vrai partage quotidien avec les jeunes. À cette époque, l’éducateur vivait dans un appartement avec sa propre famille à l’étage des groupes de vie, et cette famille pouvait partager avec le groupe des moments choisis. Les cinq enfants de Claude Hornuss sont nés à Buc dans ce contexte. Une annexe dans le parc pour les jeunes plus âgés permettra de leur donner plus d’autonomie et préfigurera une évolution, après son départ, dans les années 1970 : de nouveaux éducateurs formés et passionnés par ce type d’aide aux adolescents en proie à des difficultés de conduite et de comportement adapteront le projet. Une ouverture de l’établissement aux plus anciens avec possibilités d’appartements et studios en ville sera alors mise en place. En outre, pour les plus jeunes, un renforcement de l’aide scolaire et pré-professionnelle sera créé : classes et ateliers les préparant à leur intégration dans la société.
En 1965, Claude Hornuss prendra la direction adjointe du Docteur Sallou à l’École de formation psycho-pédagogique de Paris (EFPP) et assumera à son tour la direction de 1982 à 1987. Son expérience professionnelle et son intérêt pour la qualité de la formation des travailleurs sociaux lui permettront de maintenir et de développer les exigences et les valeurs défendues à l’EFPP.
Pendant toute sa vie professionnelle Claude Hornuss s’impliquera très fortement au sein de l’ANEJI. Il était aussi très engagé dans son village des Loges-en-Josas. Il s’y consacrera beaucoup comme conseiller municipal de 1977 à 1983 et remplira les fonctions de maire de 1985 à 1995. Patrick Confetti, son successeur, écrivait : « la philosophie et la pugnacité qu’il a développées en tant que directeur d’École d’éducateurs spécialisés se sont reflétées tout au long de ses mandats d’élu avec un regard toujours tourné vers les autres ».
Ses cinq enfants et son épouse décédée en 1991, les témoins les plus proches de cet homme humble, généreux et clairvoyant, savent mieux que quiconque ce que nous lui devons. Mais à son départ ses enfants ont tenu à rappeler de façon émouvante et très authentique que c’était aussi un homme amoureux de la voile… de la mer où il se ressourçait quand il le pouvait.
Robert Bossé
Ancien directeur de « La Maison » à Buc