Emmanuel Rain (1909 – 1987)
Né à Gonesse en Seine-et-Oise, Emmanuel Rain est le fils de Pierre Rain, professeur d’histoire diplomatique à l’École libre des sciences politiques. Diplômé de ce même établissement après avoir obtenu au collège Stanislas une licence en droit et une licence ès-lettres (histoire et géographie), il deviendra lui-même plus tard l’un des piliers de l’enseignement à Sciences Po. En 1932, à l’âge de 22 ans, il entre au Conseil d’État comme auditeur de 1e classe. Dans le même temps, catholique convaincu, il milite au parti démocrate populaire de Marc Sangnier et collabore au journal La Démocratie. Promu maître des requêtes en 1941, il est délégué à la Libération dans les fonctions de directeur de l’Administration, de la Réglementation et du Contentieux au ministère du Ravitaillement (juillet 1945), puis devient secrétaire général du Peuplement et de la Famille en janvier 1946 à la demande du ministre MRP Robert Prigent. Il préside aussi la Commission supérieure d’épuration du personnel du commissariat général des chantiers de jeunesse où il s’intéresse en particulier au reclassement des chefs de chantier. Ayant rejoint le MRP, il est élu maire de Gonesse en octobre 1947 et le demeurera jusqu’en octobre 1971.
En juillet 1947, Emmanuel Rain est placé hors cadre pour exercer les fonctions de directeur général de la Population et de l’Entraide au ministère de la Santé publique et de la Population. À ce poste auquel il se maintient durant 14 ans jusqu’à son remplacement par Bernard Lory (juin 1959), il soutient dans le secteur de l’enfance inadaptée la politique des ARSEA (Associations régionales de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence) impulsée à l’origine par le régime de Vichy. Grâce à l’action de sa conseillère technique Cécile Braquehais, il initie la transformation, rendue effective en 1960, de l’école d’infirmières de Montrouge en Institut de Service Social, dont il sera encore vice-président du conseil d’administration au début des années 1980. Au tournant des années 1950, il échoue néanmoins à doter la profession d’éducateur de jeunes inadaptés d’un diplôme d’État, dans un contexte défavorable d’affrontements autour de la « question scolaire ».
Nommé conseiller d’État en service ordinaire en 1956 tout en étant maintenu hors cadre, Emmanuel Rain est réintégré dans ses fonctions et à son grade au Conseil d’État en juin 1959. Il devient en 1961 président de la 8e sous-section du Contentieux, puis président adjoint de la section du Contentieux en 1968.
Il prend sa retraite en 1978. Il a reçu la Croix de Commandeur de la Légion d’honneur en décembre 1961, puis celle de grand officier de l’ordre national du Mérite en décembre 1974.
Texte : Sylvain Cid.
Illustration : Emmanuel Rain au 2e Congrès de l’UNAR en octobre 1950, Sauvegarde de l’enfance, n°2-3, février-mars 1951.