CNAHES AURA :
Sur les traces de vie d’une institution psychiatrique imposante
24/10/2024
Curieusement, ces membres de la délégation CNAHES AURA, assis sur le divan de S. Freud, attendent d’intégrer (provisoirement) un hôpital psychiatrique. Ils vont visiter l’exposition du bicentenaire de l’hôpital Saint Jean de Dieu dans l’agglomération Lyonnaise. Sans surprise, Freud, lui, restera à l’extérieur.
Un peu d’histoire
A vocation religieuse bien sûr, puisque tenu par l’ordre des frères de Saint-Jean-De-Dieu, du nom du fondateur portugais, l’établissement a dû accélérer sa mutation dans la dernière partie du 20e siècle. Ceci en rentrant dans le service public (« hôpital privé d’intérêt collectif ») de sectorisation des soins psychiatriques et de santé mentale tant pour adultes que pour enfants mis en place dans les années 60-70. Il en est un des trois piliers pour le Rhône avec l’Hôpital du Vinatier et celui de Saint Cyr au Mont d’Or. Les bâtiments de ce vaste domaine de Champagneux, au lieu dit « Moulin à vent », n’avaient vu jusque là que des patients masculins : s’y ouvre alors un premier pavillon pour femmes. Mais, surtout, l’hôpital doit sortir de ses enceintes, ouvrir consultations et structures extrahospitalières et médico-sociales sur toute la surface des communes de son territoire sud-rhodanien. Tout cela entraîne la laïcisation : la vaste chapelle centrale où se tient cette expo est aujourd’hui désacralisée, le culturel remplace le cultuel. Déjà la sécularisation avait gagné le personnel de direction, de service, soignant. N’étant plus qu’une poignée, les frères de l’ordre, qui avaient assuré ces fonctions pendant 150 ans, avaient dû céder la place. A cette occasion l’hôpital est rentré dans une structure rhodanienne préexistante, l’ARHM (ateliers Denis Cordonnier 1950) , laquelle prend alors une nouvelle dimension.
La visite
Plus d’une heure de visite fut nécessaire au groupe pour effectuer avec la médiatrice ce parcours intitulé « un long fleuve intranquille » ; découvrir une étonnante sélection d’archives, lire et écouter panneaux et créations sonores reconstituant les étapes de l’esprit et des pratiques hôtelières et thérapeutiques ; toucher (des yeux) les centaines d’objets réunis à cette occasion, traces matérielles de l’évolution de deux siècles de rapports soignants-malades, eux-mêmes héritiers de la médicalisation de la folie en fin de XVIII° mais au « bénéfice » de la création de l’univers asilaire moderne. Une mission préalable « Mémoire et Patrimoine » avait permis de rassembler ces pièces incluses dans la scénographie historique pensée par le service d’action culturelle de l’hôpital et d’un doctorant en histoire.
Apothéose de St Jean de Dieu
Pour ce déplacement, la délégation CNAHES avait voulu réactualiser les liens avec les archivistes de ARHM. Ce fut fait par un moment de travail avec Blandine Maurier, responsable du service et sa collègue Adèle Vincent. Le CNAHES avait invité aussi Olivia Degond, archiviste aux Archives Départementale du Rhône et de la Métropole de Lyon à se joindre au groupe : celle-ci, dans la succession de Pierre Chamard, est en effet la nouvelle référente archives pour la directions des fonds contemporains. Échanges fructueux et dans la bonne humeur.
Les frères de SJD avaient ajouté aux vœux d’obéissance, pauvreté, chasteté, un quatrième : l’hospitalité. Cette valeur a-t-elle imprégné les lieux ? En tous cas le service de médiation culturelle s’avéra très accueillant à notre petit groupe.[1] Notre pensée alla aussi aux membres du CNAHES dans l’incapacité de se déplacer ayant travaillé eux aussi route de Vienne.
Devinette : quelle fut la première femme à intégrer le personnel de Saint Jean de Dieu en 1956 ? L’assistante sociale ! …Elle eût son bureau et, la première également -fonction oblige-, un téléphone personnel (montré à l’exposition).
[1] Merci aussi à l’administration de l’hôpital qui nous prêta une salle pour notre réunion de délégation.